A quelques mètres d'un camp Gerudo...

Une journée ensoleillée. Une de plus pensait il. Non pas que ça le gênait…
Au contraire, quelques rayons filtraient à travers la grotte, et l’aider progressivement à se réveiller. L’endroit était situé à quelques kilomètres du plus proche village Gerudo, seul race de ce monde qu’il avait l’habitude de côtoyer… Son train de vie était bien planifié. Il ne craignait ni les voleurs, ni même les pillards puisque ceux-ci travaillaient pour lui. Que de belles journées, courtes et paisibles.

Midi moins cinq, le soleil au zénith, c’était l’heure à laquelle Julian venait de se lever, et c’était aussi la plus courante. La tête dans le brouillard, il s’étira donc entre deux baillements, et s’ensuivit un effort surhumain pour s’extirper de ses coussins. Il resta ainsi alors encore quelques instants, inspirant, et profitant de l’encens qui se propageait lentement dans la pièce. Les journées avaient beau être monotone, son air quelque peu gaga, montrait à quel point il s’en satisfaisait…

* Et bien, et bien… Il est temps d’ouvrir boutique. *

Il sortit donc dehors, dans ces draps orangés à motifs de fleurs, sa main droite tenue fermement en avant, encensoir à la main.

Aucune tempête de sable en vue. Que demandez de plus…
Des clients peut être ?

*Bon... Indil, ma grande, prépare toi à te faire passer un savon...*

Indil revenait bredouille de la mission qu'on lui avait confiée. Un esprit en bouteille... Quelle idée, aussi ! Elle n'avait pas trouvé trace de la boutique d'apothicaire dont on lui avait parlé. Elle avait pourtant écumé toute la citadelle, mais rien, rien de rien.

Elle avait chevauché toute la nuit afin de retourner parmi les siens. Lorsqu'elle arriva dans la Vallée Gerudo, il était déjà midi. Le soleil, à son zénith, tapait fort sur la Vallée. Or, la gourde d'Indil était vide. En effet, elle s'était faite attaquée sur la route par des monstres qui, bien que peu dangereux, avaient tout de même réussi à ficher une flèche dans la précieuse outre.

Indil avait encore un petit bout de chemin à parcourir avant de rejoindre la forteresse, et elle commençait à souffrir du manque d'hydratation. Aussi, ce fut avec un grand soulagement qu'elle apperçut une grotte qui semblait amménagée en habitation et qui, bien qu'isolée, semblait habitée.

Elle donna des petits coups de talons pour faire aller son cheval au petit trot.

Lorsqu'elle fut arrivée à la hauteur de la grotte, elle descendit de son cheval, le tint par la bride et s'approcha de l'entrée.

"Bonjour, y a-t-il quelqu'un ?" appela-t-elle poliment.

Indil n’était qu’à quelques mètres de Julian. Etrange qu’elle ne l’ai pas vu. Il faut dire que le jeune homme s’était baissé afin de boire un peu d’eau. Celle ci issu d’une petite nappe phréatique semblait déboucher de derrière les rochers, et coulait avec fluidité le long de la paroi… Et Julian la buvait à même ses mains, profitant de la position avantageuse de sa demeure. Il faut avouer que c'est une des raisons pour lesquelles il s’était installé ici, dans ce petit coin perdu, à l’abri des regards et des tempêtes de sable.

* Voilà de quoi me réveiller une bonne fois pour toute...*

Caché derrière la pierre, Julian, à demi recroquevillé, ne voit pas l’arrivée immédiate de la jeune Gerudo. Et c’est donc un peu surpris qu’il entend sa voix, et qu’il se relève peu à peu. Sa silhouette apparaissant lentement derrière l’abrupt rocher comme pour se montrer le plus détendu, et le plus calme possible…

Bien sûr, que puis je pour vous, gente dame ?
Répond il avec un large sourire...

Etes vous à la recherche d’un quelconque objet de valeur ?
A moins que vous ne veniez pour vendre vos informations ?

Indil ne prit conscience de la présence du jeune homme que lorsqu'elle entendit sa voix. Une voix masculine ! Un homme ! En pleine vallée Gerudo ! Si elle s'attendait à cela... Par réflexe, elle posa la main sur la garde de son sabre passé dans sa ceinture tout en se tournant vers lui. D'un regard comme à son habitude glacial, elle le détailla des pieds à la tête. Elle fut surprise par le teint clair de sa peau.

*Il n'a pas l'allure d'un Gerudo... Pourtant ses vêtements sont semblables à ceux de notre peuple... Mais c'est un homme... Méfiance !*

Qu'ils soient Gerudo ou non, en général, Indil se méfiait de la gente masculine. Cet homme avait beau être tout ce qu'il y a de plus courtoit et ne montrer aucun signe agressif, il restait un mâle.

Indil ne répondit aucunement au sourire de son vis-à-vis. Elle fronçait les sourcils et arborait un air menaçant, indiquant clairement que s'il tentait quoi que ce soit elle ne se laisserait pas faire. Mais elle répondit tout de même d'une voix qui, bien que froide, était tout à fait polie :

"Je suis une voyageuse. Mon outre est percée. Il me reste encore un peu de chemin à parcourir. Pourriez-vous me fournir de quoi me désaltérer ?"

Alors qu’Indil le toise du regard, Julian prend également le temps de faire de même, et il ne manque pas de remarquer lui aussi la tenue vestimentaire de la jeune femme… Le regard de celle-ci ne fait d’ailleurs que le réconforter dans ses suppositions, et c’est un sourire presque moqueur que l’on peut apercevoir sur son visage…

*Ah, Ah… Décidemment, les Gerudos ne changeront jamais… *

Et bien, et bien, je pourrais également vous proposez de réparer votre gourde…
Mais je suppose que vous ne devez plus être très loin de votre destination, n’est ce pas ?!

En ce cas, venais donc vous désaltérer directement à la source, elle est juste ici…
Je suppose que ça vous rassurera davantage que la boisson suspecte d’un jeune homme^^

Ah ?! Et n’hésitez pas à faire boire votre jument également. Ce n’est pas d’eau que je manque ici…

Oh ?! Un étalon ?!
Julian s’était approché de la bête, comme pour mieux vérifier les dires d’Indil. Une fois ceci fait, il se releva de sa position légèrement courbée et s’adressa à nouveau à elle, toujours avec le sourire…

Effectivement^^
Après tout ce temps, j’avais fini par oublier que le sexisme des Gerudos s’arrêtait au genre humain.

Malgré ces remarques, plutôt agressive aux premiers abords, Julian ne gardait aucune rancœur envers son peuple. Mais il faut avouer qu’il ne se privait pas de faire remarquer l’absurdité de certain de leur préjugé. Il n'y en avait qu'un, en fait. Mais, il s’en amusait… C’est celui qui lui avait valu d’être banni, après tout.

Et donc ? A quoi se cantonne l’activité de ce peuple depuis l’éclatement de la triforce ?
Qu’elle est su qu’il faisait anciennement partie des Gerudos, il n’en savait rien. Mais dans le doute, il préférait la mettre également…

* Je me demande si nous sommes de la même génération ?!
Pour le souvenir que j’ai put leur faire de toute façon. Que ce soit l’un ou l’autre ne doit pas changer grand-chose…*

*Accomplir sa mission sans réfléchir ? Ce genre de personne n’existe pas…
C’est juste la preuve d’un caractère borné, et prudent. Je n’obtiendrais probablement aucune information d’elle…*

*Soit, une simple discussion me fera le plus grand bien…*

Julian recula de quelques pas, et prit la peine de s’asseoir sur un roc qui traînait là…

La violence, la cruauté, la mégalomanie…
Ce sont des défauts peu enviable, certes, mais qui ne demande pas de la méfiance.
Qu’a-t-on à craindre d’une attaque frontale ? La méfiance n’en est certainement pas la clé…

Son regard s'était concentré sur le sabre d’Indil. Celle-ci semblait ne toujours pas vouloir le lâcher. A quoi s’attendait elle, lui-même ne s’était préparé à aucune garde. Se battre avait toujours été sa dernière alternative…

Vous semblez peu enclainte à me faire confiance… Ma présence vous gênes t’elle ?
Pensez vous vraiment que je suis cruel, violent… ?!
A cette remarque, il ne peut s’empêcher de rire. Ce caractère était tellement loin du sien… Au pire mégalomane!
Ou est ce que vous craignez juste de me dire la vérité, vos réels pensées ?
Craignez vous ma réaction ?

Les hommes sont fourbes, menteurs et aliéné. C’est ce que vous craignez de me dire en face ?

Le jeune garçon est assez perturbé par ce comportement apathique. Il ne prend même pas conscience que la jeune femme lui demande son nom. Du moins, pas immédiatement…

Monsieur Mishima…
Julian Mishima.
Et vous, quel est donc votre nom ?

Le jeune homme tenta de voir une quelconque réaction dans le regard d’Indil. Afin de savoir si le nom de sa mère provoquerait chez la jeune femme un léger choc, un lien avec l’une des Gerudos de son camp. Enfin, c’était peine perdue, et il le savait. Depuis le début de la discussion, celle-ci ne semblait réagir à aucun ressentiment. Même pas une résistance à ses propos…

*Les Gerudos sont des gens à part…
Elle, elle est une personne à part au sein même des Gerudos*

Et bien, et bien, je vous poserais bien d’autres questions…
Mais avec tant de fougue et d’empressement, j’aurais bien trop peur que vous vous étouffiez^^

Peut être pourriez vous juste me dire ce que vous attendez de moi ?
Car j’ai bien peur que toutes mes excuses ne vous suffiront à établir mon honneur…

Indil esquissa une révérence de la tête à peine visible, puis posa les mains sur les hanches - donc non plus sur la garde de son sabre, mais en la gardant tout de même à portée de main. Mais elle n'eut pas de réaction particulière à la mention de ce nom. Et pour cause, il lui était inconnu.

"Enchantée." dit-elle plus pour la forme que par sincérité.

"Indil Ninwa." se présenta-t-elle.

Elle fit une pause, réajustant d'une main un foulard sur sa tête qui menaçait de se dénouer. En effet, un léger vent venait de se lever. Mais on était encore loin de la tempête de sable.

Elle haussa les épaules.

"Je n'attends rien de vous. Vous m'avez offert le droit de me désaltérer à votre source, je n'en demandais pas plus."

Elle posa un doigt sur son menton, fronçant les sourcils, dans une attitude de réflexion.

"Hmm... Mais si vous me permettez, j'aimerais moi aussi poser une question."

Sans attendre que Julian lui en donne effectivement la permission, elle embraya :

"Êtes-vous Gerudo ? Votre accoutrement est semblable à celui de mon peuple, mais votre peau est si pâle que j'ai un doute... Et en plus, vous êtes un homme." dit-elle comme si elle venait de faire une découverte.

Julian s’était réveillé, comateux.
Ses membres l’étiraient, sa tête le brûlait, et son humeur s’était dénaturée.
Il s’était souvenu. Un peu trop.

*Suis-je un Gerudo ?!*

Après quelques minutes de réflexion, Julian part, sans un mot, à l’intérieur de son abri, laissant Indil seul durant quelques instants.
Puis revint deux minutes après, deux tasses et une théière à la main.
Breuvage à la couleur brunâtre et à l’arôme apaisant.
Le thé avait le don de lui stimuler les sens…

*Peut être…
Mais rien n’est moins sûre.*

C’est une tasse qu’il porte alors à sa bouche, après avoir préalablement servi Indil, comme sa galanterie l’exige…

Le qualificatif d’homme du désert m’est certainement plus approprié.
Mais je ne nie pas avoir des liens avec ton peuple, ajoute il assez promptement...

Indil avait patiemment attendu la réapparition de Julian, sans se poser de questions sur son attitude quelque peu étrange.

Lorsqu'il lui offrit une tasse de thé, elle la prit dans sa main et la porta à hauteur de son visage, non pas pour boire mais pour en renifler le contenu. Son attitude rappelait celle qu'elle adoptait sous sa forme animale. Pour un peu, on aurait presque pu voir ses moustaches de loutre s'agiter.

Son diagnostic effectué - *c'est bon, c'est pas du poison* - elle prit une petite gorgée de liquide ambré. Si elle avait pu, elle aurait sourit. Si elle avait pu, elle aurait dit qu'elle adorait le thé. Mais elle garda un visage froid et inexpressif, même lorsque Julian confirma avoir un lien de parenté avec le peuple Gerudo.

"Merci de votre réponse." dit-elle simplement.

Elle termina sa tasse de thé et la tendit au jeune homme.

"Merci de votre hospitalité." le remercia-t-elle.

Elle haussa un sourcil.

"Mais n'allez pas croire que vous avez réussi à changer en quoi que ce soit mon opinion sur les hommes." fit-elle remarquer, comme si cela avait une quelconque importance.

A cette dernière remarque, Julian sourit à nouveau…

Ce n’était pas mon intention…
Si ça avait été un temps soit peu possible, je l’aurais fais déjà il y a quelques années de cela.

Mais, vous qui semblez froide et distante…

Julain semble hésiter...
S'il suivait ces pensées, il prenait le risque de la fâcher.
*On ne se refait pas.*

Crapule, il voulait le rester.
C'était beaucoup plus simple, et plus profitable.
Il se contentera néanmoins du peu... Quitte à ne rien gagner.
Nostalgique?

Peut être.

Y a-t-il quelqu’un à qui vous puissiez accorder votre confiance ?
Un membre des Gerudos ? Probablement, vous ne semblez écouter que les ordres…

L’avez vous rejoins de vous-même ? Vous y a-t-on forcé ?

Julian prend la peine de prendre une pause suite à ces mots, conscient qu’il entre dans un domaine qui ne lui est pas réservée. Pour être franc, si le caractère d’Indil n’était pas ainsi, il n’aurait même pas pris la peine de les lui poser.

*Parfois, il me vient à me demander si ce n’est pas une chance que d’être né garçon au sein de ce peuple…*

*Vous n’êtes donc ni esclave des mots…
… ni des Gerudos ?!*

Et votre peuple l’aimez vous ?

Vous vous demandez sûrement ce que cherche à faire Julian ?!
Pas grand-chose, en fait.
Il ne vise qu’à atteindre un sujet qui lui intéresse…
Et il le fait, pas à pas, enchaînant question sur question.

Pourriez vous le trahir si votre gain était conséquent ?
Si il était plus à même de vous satisfaire ?!

Jusqu’où êtes vous autonome ?

Pour lui, les gens qui n’ont rien à cacher n’existent pas.
Et il aspire à connaître les limites d’Indil.
C’est un jeu ni plus, ni moins…
Un jeu qui lui rapportera gros si elle n’a réellement rien à dissimuler.

Il ne cherche pas néanmoins à perdre toute confiance…Même si il n’est en aucun cas sûr d’en avoir ne serait ce qu’une parcelle, se mettre à dos cette jeune femme n’a jamais été son objectif. Il a beau être crapule, ne se faire que des ennemis n’est pas dans ses intentions.
Il n’est pas, et ne sera jamais un guerrier du crépuscule…

C’est peut être pour cette raison qu’il finit ses questions par une plus à même d’intéresser la jeune Gerudo.
Afin de s’excuser quelque peu peut être de sa mauvaise langue…

La triforce vous intéresse t'elle ?

*S'il y avait l'élection de Mister Questions Hyrule, je voterais pour lui.* songea Indil.

Elle ne s'offusquait en rien de cet interrogatoire, comme elle ne cherchait pas à en connaître la raison. De plus, Julian avait beau être un étranger doublé d'un homme, il n'en était pas moins en quelque sorte son hôte. Par politesse, elle considérait ne pouvoir refuser de répondre à ses questions. A moins bien sûr qu'il s'agisse d'une question à laquelle elle s'était vue interdite de répondre. Mais en l'occurence, ce n'était pas le cas. Elle fut quelque peu interpellée par l'évocation de la Triforce mais ne montra aucun signe extérieur indiquant un quelconque trouble. Remettant nonchalamment une mèche de cheveux derrière une oreille, elle répondit d'une voix plate :

"Je vais donc répondre dans l'ordre à vos questionnements... Tout d'abord, je ne puis dire que j'aime mon peuple, puisque ce sentiment, comme tout autre, m'est inconnu."

Elle venait de révéler sans trop en avoir l'air son inaptitude à éprouver le moindre sentiment. Elle reprit :

"Néanmoins, je ne pense pas être ammenée un jour à le trahir. J'ai beau être en marge de mon propre peuple, cela reste tout de même mon port d'attache. Quant à mon autonomie... Je ne saurais trop vous dire. Je pense être assez autonome dans la mesure où j'ai toujours été mise à l'écart. Disons que... Je vis pour mon propre compte."

Cela pouvait ne pas avoir de sens pour quelqu'un d'autre, mais pour Indil, cela en avait, et cela lui suffisait.

"Enfin, oui, je m'intéresse à la Triforce."

Elle n'en dit pas plus. Après tout, il ne lui avait pas demandé pourquoi.

Julian réfléchit, en accéléré, et pourtant durant un si bon moment…
Ses yeux épanouies se rétrécirent en deux fentes alors qu’un rictus inquiétant apparut sur ces lèvres, un rictus sérieux qui contrastait avec l’attitude joviale qu’il avait eu jusque là. Julian ne comprenait pas. Il n’y avait aucune logique dans les paroles de la jeune fille.
Du moins aucune qu'il puisse consentir. Il n’admettait pas qu’une personne puisse être vide de tout sentiment…

Si bien qu’il finit par éclater de rire, un égayement qu’il ne pouvait contrôlé et qu’il tenta de stopper de sa main au visage.
Une fois calmée, il fixa la Gerudo de son œil gauche, seul trait de son visage encore discernable derrière sa main, entre deux de ses cinq doigts…

Je ne te comprends pas, dit il promptement
La folie ne semblait pas passer, et un son d’amusement sonnait donc à chacune de ses paroles…

Autonome?
Et amarré à son port d'attache... C'est contradictoire.
Le rire semblait revenir, aussi chercha t'il à en finir...

Tu ne peux pas me faire confiance, c’est ça ?
Parce que je suis un homme ?!

Bien...
Ce n’est pas plus mal, en fait. Parce que je ne pense pas... pouvoir en faire de même.

Julian se releva de sa position inconfortable. Assise sur une masse rocailleuse, ce n’était pas l’idéal. Il s’étira donc avant d’épousseter sa tunique de la poussière accumulée…
En vain, en fait, puisque le vent était devenu assez intense pour en lâcher en continuité.

Arrêtons donc là cette discussion, elle ne nous apportera rien.
Ni à moi... ni à toi.